14/10/2014

Entretien avec Monsieur Epiphane ZORO, Directeur Général du Comité National des Jeux de la Francophonie (CNJF), Secrétaire Général de la Commission Nationale de la Francophonie (CNF)

La Côte d’Ivoire a été choisie pour organiser la huitième édition des Jeux de la Francophonie en 2017 à Abidjan. Un Comité National des Jeux de la Francophonie (CNJF) a été mis sur pied pour mener à bien l’organisation de ce grand événement culturel et sportif du monde francophone. Dans le présent entretien, M. Epiphane ZORO, Directeur Général dudit comité et Secrétaire Général de la Commission Nationale de la Francophonie (CNF), nous parle de l’évolution des préparatifs des Jeux et des actions de la Francophonie en Côte d’Ivoire et en Afrique.

La Côte d’Ivoire accueillera les prochains Jeux de la Francophonie en 2017. Vous avez été chargé par le Président Alassane Ouattara de leur organisation, quels en sont les principaux enjeux pour votre pays ?

Cette manifestation, doit être l’occasion de faire découvrir au monde entier, le nouveau visage de la Côte d’Ivoire, après les périodes troubles que nous avons vécues. Cet événement s’inscrit dans une continuité de repositionnement du pays, entamé par le Président de la République Alassane Ouattara. L’image de la Côte d’Ivoire en 2017 sera celui d’un peuple réconcilié autour des valeurs des jeux que sont la Solidarité, la Diversité et l’Excellence. Celui d’une nation en plein chantier, heureuse d’accueillir le monde et de lui faire connaître sa culture. La Côte d’Ivoire se doit de relever le défi de recevoir quatre mille jeunes sportifs et athlètes francophones ainsi que plusieurs Chefs d’Etats et Gouvernement issus des 77 Etats membres de la Francophonie. De ce fait, les enjeux sont énormes du point de vu de la capacité d’accueil en termes d’infrastructures et d’équipements sportifs et culturels, en termes d’hébergement, de transports, de restauration et en termes de renouvèlement du plateau technique de la Radio Télédiffuseur Hôte (RTI), devant répondre aux normes et exigences internationales.

Où en êtes-vous avec les préparatifs ?

Depuis la mise en place du Comité National des Jeux de la Francophonie (CNJF) en août 2013, de grandes actions ont été menées jusqu’ici. Les préparatifs vont de bon train et ont été marquées par une série de grande actions jusqu’ici et qui ont permis d’arriver à ce stade satisfaisant dans l’ensemble. Premièrement il fut élaboré le cahier des charges des 8es Jeux en septembre 2013. C’est un document qui définit tous les aspects et toutes les dispositions organisationnelles depuis les préparations jusqu’à la tenue de l’évènement. Ce cahier des charges a été validé en mars 2013 au Conseil Permanent de la Francophonie et fut signé officiellement par S.M.E. le Premier Ministre de la République de Côte d’Ivoire en avril dernier, au siège de l’OIF à Paris. Ensuite parmi les missions effectuées par le CNJF l’on retiendra celle de l’imprégnation des réalités organisationnelles et de la  mise en relations entre le Comité des 8es Jeux et celui de Nice ayant organisé la toute dernière édition des Jeux de la Francophonie. Effectuée en janvier 2014 à Paris, l’objectif global de la mission a été de s’approprier le savoir-faire de l’organisation des Jeux de Nice en vue d’éviter les erreurs et d’améliorer la qualité des Jeux à Abidjan, tant du point de vue technique qu’organisationnel.

L’une des actions importantes a été la nomination des Présidents de Commission au nombre de 18. Ils sont des experts dans les divers domaines organisationnels et ont déjà produit un premier jet du pré-plan des activités qui permettent de traduire la vision de ce que peuvent être les jeux en 2017. Depuis lors, le CNJF s’attelle à réunir tout le dispositif nécessaire en vu de son fonctionnement effectif au niveau de son budget, de ses locaux, de sa structuration et de sa gestion administratif, pour ne citer que ceux-ci.

L’Association pour la Valorisation de la Francophonie (AVF) s'est positionnée pour compter au nombre des partenaires de ces Jeux. Quel sera son rôle ?

Pour son expérience acquise en la matière lors des jeux de Nice, ou lors de la grande fête de la Francophonie organisée par l'OIF, au lendemain de l'ouverture des Jeux Olympiques de Pékin, le CNJF sera heureux de compter l’AVF au nombre de ses partenaires à l’instar de tout ces organismes œuvrant pour la promotion de la Francophonie à travers le monde. Le CNJF pourra ainsi établir une collaboration directe avec l’AVF afin qu’elle soutienne ses actions de visibilités et de lisibilités des 8es Jeux, à travers son réseau d’adhérents et de sympathisants.

Votre parcours de magistrat témoigne que vous êtes un farouche défenseur des droits de l’homme. Est-ce pour vous une valeur essentielle de la Francophonie aujourd’hui ?

Je dirai que depuis l’existence de la Francophonie, celle-ci n’a cessé de prôner le respect des Droits de l’Homme. Cette valeur fait partie de son essence car elle est cet espace d’échanges et de partages entre les peuples de divers horizons. Mais c’est évident qu’il ne peut avoir de véritable partage que dans le profond respect mutuel, dans la tolérance de nos diversités qui fondent notre richesse francophone et dans un esprit de solidarité. Le combat de la Francophonie pour la promotion des droits de l’homme s’accentue davantage à travers plusieurs actions de formation, d’accompagnement, d’encadrement, de soutien financier des Etats et Gouvernements dans leur politique de lute pour la démocratie, la paix, la justice et dans leur politique d’organisation des élections et de sortie de crise. Et je croix que pour tout un chacun, cet amour pour ces valeurs et le fait d’accueillir 77 Etats et Gouvernement membres de la Francophonie sur le sol ivoirien doivent éveiller et animer en nous, les efforts de réconciliation et de paix dans lesquels la Côte d’Ivoire s’est engagée.

A propos de développement, quel est le rôle de la Francophonie en la matière ?

Je dirais très capital. Sa vision pour le développement s’inscrit dans un monde dans lequel la mondialisation bénéficie à tous, dans le strict respect de la diversité culturelle et linguistique et aspirant à un développement durable où les valeurs universelles de paix, de démocratie, de droits de l’Homme, où l’égalité entre les femmes et les hommes et l’autonomisation des femmes sont promus ainsi que la prise en compte des jeunes dans toutes actions.

En effet, le XVe Sommet en novembre prochain, à Dakar adoptera un nouveau Cadre stratégique à moyen terme pour les huit prochaines années (2015-2022). L’objectif de ce cadre est d’apporter une réponse stratégique davantage intersectorielle et de faire des femmes et des jeunes une priorité renforcée et de l’Afrique une zone d’intervention prioritaire. Le modèle de développement voulu par les pays membres de la Francophonie s’inscrit dans une coopération tripartite. Cette coopération permet à un pays développé ou à une organisation internationale d’aider un pays en développement doté de certaines capacités, à renforcer celles-ci, pour les partager ensuite avec un autre pays en développement, dans une relation de stricte égalité. Les secteurs d’intervention ont un lien étroit avec les conditions de vie des populations des pays du Sud tel que la sécurité alimentaire, la santé ; l’éducation et la formation, l’eau et l’assainissement, l’environnement et la gestion des ressources naturelles, l’énergie et la pêche.

Justement, quelles sont les actions concrètes dont la Côte d’Ivoire a-t-elle bénéficié de la Francophonie en la matière ?  

Les actions sont énormes. A titre d’exemple, je citerai quelques unes dont, dans le développement local, bon nombre d’Associations et ONG rurales ont et continuent de bénéficier des fonds et appuis techniques. Egalement l’installation en 1990 d’un programme de 10 Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC) dans la région de Korhogo d’où la réhabilitation a été effective cette année, après dix années de crise, afin de permettre le développement socio-éducatif et l’ouverture au savoir des zones enclavées.

Côté éducation, le programme Initiative Francophone de Formation à Distance des Maîtres (IFADEM) est en train d’être une réalité dans sa phase pilote à Abengourou et Gagnoa depuis 2012. C’est un dispositif de formation continue qui a pour but d’améliorer la qualité de l’Éducation de base en se concentrant sur la formation continue des enseignants du primaire. On n’oubliera pas les Fonds d’insertion jeunes de la Conférence des Ministres de l’Eduction Nationale (CONFEMEN) et de la Conférence des ministres de la jeunesse et des sports (CONFEGES), qui les aident à mettre en place des micro-entreprises. Il y a également l’ouverture en 2013 du Campus Senghor, un démembrement de l’opérateur direct de la Francophonie qui est l’Université Senghor d’Alexandrie. Ce campus permet de faire bénéficier le plus grand nombre de nos cadres en s’adaptant aux besoins spécifiques de la CI en matière de formation continue. 

Et du côté de l’économie que peut-on retenir ?

Au niveau de l’économie, l’on peut retenir deux grandes actions. La première est la mise en œuvre du programme Hub & Spokes II (Renforcement des capacités des pays ACP (Afrique Caraïbe-Pacifique) par l’affectation de l’OIF en 2013, d’un conseiller auprès du Gouvernement chargé des négociations commerciales internationales. Ce programme permet de renforcer les capacités des Etats et organisations d’intégration économiques régionales afin qu’ils puissent disposer d’expertises pour faire valoir leurs intérêts et défendre leurs projets auprès des institutions financières internationales et des bailleurs de fonds bilatéraux. La deuxième est la création du Réseau des Institutions et Agences Francophones de Promotion des Investissements (RIAFPI) dont la 1ère Assemblée Générale Extraordinaire a eu lieu en mars 2014 à Abidjan. Il s’agit à travers ce réseau de bâtir une communauté économique francophone forte et prospère en facilitant l’accès aux financements, par le renforcement de la capacité d’attractivité des économies des pays francophones. Le Directeur Général du Centre de Promotion des Investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI) en est le Président.

L’essor d’une économie verte suscite beaucoup d’espoirs. Quels sont les atouts de l’Afrique en ce domaine ?

Aujourd’hui, toutes les grandes rencontres et organisations abordent de façon récurrente cette forme d’économie dans leurs actions de développement. Comme je l’ai dit tantôt, les secteurs d’intervention de la Francophonie ont un lien étroit avec les conditions de vie des populations dans un souci de gestion durable de l’environnement et des ressources naturelles. A ce propos l’Afrique est sans contesté l’un des continents ayant le plus fort potentiel en termes de ressources naturelles, solaire, éolienne, hydroélectrique et peut tirer le maximum de profit, de sa biodiversité et de son écosystème dans ses actions développement durable. A titre d’exemple, sa forêt regorge de principes actifs très recherchés par les industries pharmaceutiques. 194 milliards d’euros peuvent être gagnés par an à travers la valorisation de 200 millions d’hectares de forêt du bassin de Congo, selon le Conseil économique et social des Nations Unies. L’Afrique peut compter également sur sa riche faune et flore sauvage ainsi qu’au millier de parcs et réserves naturelles dont pour la CI, nous pouvons citer entre autres le parc de la Marahoué, les réserves de Taï, banco, Bouna, offrant ainsi des cadres d’études à nos chercheurs.

Sommes-nous prêts pour ce virage tout en vert ?

Nous avons tous les ingrédients nécessaires. Les ressources sont là comme je le disais tantôt. Egalement les idées aussi. Elles sont exprimées fortement dans la lutte contre le changement climatique et définies en programmes et projets sectoriels. Il appartient aux Etats africains de les matérialiser par une volonté politique engagée dans ce sens. La Francophonie a depuis pour sa part, saisi l’occasion pour aider au mieux ses Etats membres dans cette lutte. La création en 1988 de l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD) œuvre beaucoup dans ce sens. L’Institut contribue pour une intégration de l’environnement dans les politiques nationales, dans une perspective durable et équitable. L’organisation de trois éditions en CI, 2007-2010, du séminaire international sur la maîtrise de l’énergie et le rôle du responsable énergie dans l’industrie est l’une des actions concrètes en termes de renforcement des capacités nationales. Egalement, Avec l’appui de l’OIF, le Niger a organisé la 2e édition du Forum international francophone de la jeunesse et des emplois verts (FIJEV) en juin dernier. Ce forum s’inscrit dans la recherche de solutions sur certains des plus grands enjeux mondiaux que sont la jeunesse, l’emploi et le développement durable. Ce sont autant de projets réalisés au profit des Etats et Gouvernement membres de l’OIF dans le domaine du Développement Durable.

Propos recueillis par Jacqueline Nizet, Présidente - Fondatrice de l'AVF

Édito de la présidente

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