23/10/2015

Interview de Madame Michaëlle Jean, Secrétaire Générale de la Francophonie à l’agence Armenpress

Armenpress : Il y a moins d’un an, vous étiez désignée Secrétaire Générale de la Francophonie ; vous avez déployé depuis une intense activité. Quelle est votre vision de l’avenir de la francophonie ? Quels sont les projets qui vous tiennent à cœur et que vous entendez mettre en œuvre ?

 

Michaëlle Jean : Au Sommet de Dakar, les chefs d’État et de gouvernement nous ont donné une feuille de route claire et précise. Ils souhaitent que la Francophonie s’engage avec détermination dans le domaine économique, que les femmes et les jeunes soient encore plus impliqués dans nos actions. Cette feuille de route nous invite à rester en phase avec les grands enjeux internationaux émergents et l’actualité de nos pays membres. Elle nous invite à être offensifs. Elle nous invite également à être créatifs en conjuguant étroitement stratégie et action de terrain. C’est dans cette optique que je travaille depuis mon entrée en fonctions. Je veux une Francophonie qui soit lisible et qui permette aux citoyens de l’espace francophone de se retrouver dans ses actions et dans ses paroles.

 

La Francophonie doit être exemplaire, tant sur le plan politique que démocratique. Elle doit encourager le dialogue et le vivre-ensemble. Tout cela implique une organisation de proximité, avec des propositions concrètes et des actions de terrain, face aux grands enjeux économiques et sécuritaires de nos temps. En œuvrant en faveur de la création d’emplois et de l’insertion économique des femmes et des jeunes, de la mise en place d’une éducation inclusive et de qualité tout au long de la vie, en veillant à favoriser l’entreprenariat à petite échelle, en appuyant le développement durable, nous prenons une part essentielle dans la construction d’un monde plus juste. Sur la base des fondations linguistiques, culturelles, politiques, diplomatiques et économiques posées par mes prédécesseurs, je veux bâtir une Francophonie des peuples et des solutions. Une Francophonie résolument optimiste, créative et en marche face à l’adversité, face aux crises et aux mutations de tous ordres qui traversent notre espace et qui s’imposent à l’ensemble de la communauté internationale.

 

Armenpress : L’OIF dans sa structure actuelle est-elle adaptée aux défis auxquels est confrontée la Francophonie ? Envisagez-vous d’apporter des changements dans la gestion de l’Organisation ?

 

Michaëlle Jean : La Francophonie est résolument une institution moderne, qui porte un projet actuel et novateur. Depuis plusieurs années, l’Organisation internationale de la Francophonie mais aussi les Opérateurs de la Francophonie, son Assemblée parlementaire et ses partenaires, ont tous consentis à des efforts de modernisation remarquables. Nous cherchons à créer un contexte qui favorise la gestion axée sur les résultats, l’évaluation sur la base d’enseignements tirés de nos projets, le travail en collectivité et à mettre l’accent sur la régionalisation en nous décentralisant.

 

A mon arrivée en janvier de cette année, j’ai été impressionné par la qualité et la motivation des équipes et les progrès accomplis. Nous avons adopté lors du dernier Sommet un nouveau cadre stratégique, qui chapeaute une nouvelle programmation quadriennale. Avec la Déclaration des Chefs d’état et de gouvernement, nous avons une feuille de route tracée - j’entends la mener à bien et la mettre en œuvre. De même, afin de développer la Francophonie des peuples et des solutions que j’appelle de mes vœux, j’ai souhaité que nous revisitions nos modes de discussion et de collaboration avec la société civile, les jeunes et les Organisations internationales non gouvernementales (OING) en particulier. Un travail entre l’OIF et la conférence des OING est en cours à cette fin.

 

Armenpress : Dans quels domaines la francophonie coopère-t-elle avec les autres organisations internationales ?

 

Michaëlle Jean : L’approche qui anime notre organisation par rapport à ses partenaires institutionnels est la complémentarité. La Francophonie agit là où elle a une valeur ajoutée par rapport aux autres organisations. D’une manière générale, nous avons pris l’habitude, entre organisations partenaires, de nous concerter et d’agir intelligemment ensemble, afin d’optimiser les résultats de nos actions. Nous avons des collaborations, des coopérations et des partenariats avec la plupart des organisations internationales pour chacune de nos quatre missions stratégiques - Langue française, Paix et démocratie, Education et Economie. Nous avons un maillage de collaboration très intense, nous nous appuyons sur un grand nombre de réseaux, institutionnels comme professionnels, qui font notre richesse et qui font de la Francophonie une des organisations les plus ouverte du monde.

 

Armenpress : Quel est le rôle de l’OIF dans la consolidation et le développement de la coopération entre les Etats ?

 

Michaëlle Jean : L’OIF présente l’immense avantage de pouvoir et de savoir mettre autour de la table les plus hauts responsables et représentants de 80 Etats et gouvernements issus des cinq continents. Et c’est justement cette diversité qui fait notre richesse et qui constitue l’atout de notre Organisation. Nous rassemblons, dans nos enceintes, de grands pays industrialisés membres du G8 comme la France et le Canada, mais aussi des pays qui ont adhéré récemment à l’Union européenne, et des pays dit les moins avancés. Au de-là d’une même langue qu’ils ont en commun, les pays francophones ont en partage une même vision du monde, les mêmes valeurs. Nous sommes conscients, cependant, qu’à côté de cette diversité fécondante, subsistent des disparités révoltantes, des fractures - économique, éducative, sanitaire, numérique, environnementale - qui vont en s’aggravant, sous l’effet même de la mondialisation. Cette dure réalité est là pour rappeler la Francophonie à son devoir de solidarité, qui constitue le fil directeur de nos actions de coopération multilatérale en matière d’éducation, d’économie et de développement durable, mais aussi de nos interventions dans les domaines politique et diplomatique au service de la démocratie, des droits de l’Homme et de la paix. La solidarité est, donc, au cœur de notre action. Il ne s’agit pas seulement d’une solidarité Nord-Sud, d’ailleurs, mais aussi d’échanges entre pays du Sud, ou avec les pays émergents.

 

Armenpress : Comment évaluez-vous le rôle et la présence de l’Arménie dans l’OIF ?

 

Michaëlle Jean : L’Arménie est très dynamique au sein de notre Organisation et sa voix est entendue par tous. Elle est particulièrement active en cette année commémorative de 2015 qui nous oblige tous à un travail de mémoire auquel je suis particulièrement sensible et attentive. Par ailleurs, l’Arménie a toujours fait sienne les objectifs de la défense et de la promotion de la langue française, de la diversité des expressions culturelles et du vivre-ensemble. Je sais tout le prix qu’elle accorde à l’accueil de cette Conférence ministérielle, signe de son engagement croissant dans la Francophonie. Je me réjouis de m’y rendre afin de relayer ces messages prioritaires.

 

Armenpress : Quelles sont vos attentes de la Conférence ministérielle en Arménie ?

 

Michaëlle Jean : La Conférence ministérielle est un moment privilégié de dialogue et d’échange entre les Ministres en charge de la Francophonie. Cette année, elle nous permettra aussi de faire une première évaluation d’étape de la mise en œuvre des engagements de Dakar. Nous poursuivrons la mobilisation de nos Etats et gouvernements en préparation de la prochaine Conférence des Parties sur le climat qui se tiendra à Paris dans quelques semaines et nous nous tournerons vers la préparation du prochain Sommet de la Francophonie qui se tiendra à Madagascar en 2016. Ce sera aussi l’occasion de rappeler nos priorités en matière de démocratie mais aussi de développement économique et de développement durable.

 

Je le redis, face aux crises de nature économique, climatique, sécuritaire et migratoire, la Francophonie se veut un espace de partage et de bonnes pratiques, la voix de solutions concrètes, partagées sur le terrain pour renforcer, faire connaître et offrir en partage les atouts majeurs des pays et des peuples de l’espace francophone.

 

Je le redis, face aux crises de nature économique, climatique, sécuritaire et migratoire, la Francophonie se veut un espace de partage et de bonnes pratiques, la voix de solutions concrètes, partagées sur le terrain pour renforcer, faire connaître et offrir en partage les atouts majeurs des pays et des peuples de l’espace francophone.

 

http://francophonieerevan2015.am/fr/noroutyounner/frankofoniayi-glxavor-qartouxar-tikin-mikayel-jani-harcazrouycy-armenpres-lratvakan-gorcakaloutyany.html

Édito de la présidente

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